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Samuel Samson

Manifeste pour d'heureuses nouvelles

Cette semaine, je vous propose d’aborder un sujet plutôt particulier et certainement délicat ; l’information positive dans un monde marqué par la surabondance de mauvaises nouvelles.


Le sujet paraîtra peut-être anodin, léger, voire risible à certains, mais il ne me semble pas moins important, alors que jour après jour, depuis plusieurs années, nous constatons tous, d’une part, le caractère de plus en plus omniprésent de l’information et, d’autre part, je remarque sa nature souvent déprimante, tendant à l’occasion vers le sensationnalisme.


À titre anecdotique, des chercheurs ont découvert que l’édition du samedi du New York Times contenait autant d’informations que toutes celles auxquelles auraient accès, en une vie, un homme du XVIIe siècle. Il m’arrive souvent, le matin, d’anticiper le moment où j’ouvrirai le journal pour y lire les mêmes nouvelles déprimantes liées à la politique et à l’économie (remarquez, déprimant ne s’oppose pas à important)… C’est également le cas d’un nombre croissant de personnes qui, désillusionnés, choisissent de se tenir aussi loin que possible des sources d’information que sont les nouvelles à la télévision, à la radio, dans la presse écrite et sur Internet.


Évidemment, à l’ère de la mondialisation et de la révolution technologique, l’on comprendra que l’hégémonie et le rôle des médias traditionnels soient contestés et que la compétition se fasse de plus en plus rude. Depuis la nuit des temps, les humains ont une vile tendance à être captivés par le malheur des autres et à apprécier la laideur. Pensons à ces masses qui accouraient aux exécutions publiques, à ces promeneurs qui se délectent de ragots sur le dos de leurs pairs ou à ces récits de catastrophes qui ont nourri les passions, de même qu’à la manipulation par la peur qui s’est avérée l’un des plus puissants moyen de contrôle ou les films d’horreurs qui trônent au sommet du box-office… Par conséquent, il est normal et l’on comprendra que les différents joueurs du monde de l’information, qui tentent de tirer leur épingle du jeu en s’assurant la convergence du plus grand nombre d’auditeurs, de téléspectateurs et de lecteurs possibles et qui sont également assujettis aux lois du marché, jettent leur dévolu sur ce qui est vendeur, sur le négatif.


De plus, il convient de remarquer que l’information, si elle est parfois annonciatrice de malheurs, n’en demeure pas moins foncièrement importante, puisque les mauvaises nouvelles, que l’on parle d’une guerre lointaine, d’un incendie à deux pâtés de maisons ou d’un ouragan dans le pays voisin contribuent à forger la conscience sociale des individus et en particulier, à sensibiliser la population et à faire avancer les débats de société.


Par contre, il convient également de considérer le rôle charnière des médias dans le processus de socialisation à travers lequel les individus apprennent et intériorisent les normes et valeurs de leur société et à partir duquel ils construisent leur identité sociale.


Il convient également de considérer le facteur inductif de l’information et des nouvelles, qui à force d’être répétées et martelées sans cesse, tels des mantras, marquent profondément les esprits et ce, d’après le contenu véhiculé. Cet aspect est particulièrement important à prendre en compte, puisque c’est comme si d’une certaine façon – et je serai prudent avec le mot – les médias nous « hypnotisaient » avec l’information qui se grave ainsi dans notre esprit.


Ce qui est ironique dans tout ça, c’est que nous vivons dans une société où les gens, vraisemblablement malheureux, aspirent à une quête inassouvie du bonheur, notamment à travers la consommation, dans tous les sens du terme. Or, considérant les deux précédents constats, se pourrait-il que les médias ne soient pas complètement étrangers, d’une part, à l’une des nombreuses sources qui favorisent, ou du moins, accentuent le malheur et la désillusion et qui conduisent à cette quête du bonheur individuel et, d’autre part, aux solutions qui permettraient sinon de régler le problème, au moins d’en amoindrir les conséquences?



Tous les jours, dans le monde, s’il est vrai que les histoires d’horreur et les drames abondent, il est tout aussi vrai que de magnifiques choses se produisent. Autant il y a de plus en plus de mauvaises nouvelles, il y a également de bonnes nouvelles, qui demeurent encore plus nombreuses, mais qui ne sont malheureusement pas rapportées par nos journalistes, celles-ci n’étant pas priorisées par leurs patrons. S’il y a des familles décimées, il y en a également qui finissent par se réunir. S’il y a des catastrophes naturelles, il n’en demeure pas moins que les merveilles naturelles de la Terre n’ont pas fini de nous dévoiler leurs secrets. S’il y a des guerres, il y a aussi des exemples de solidarité humaine qui passent sous le silence. Si les religions divisent, il y a parfois des évènements émouvants où elles deviennent gage de sollicitude. S’il est vrai que l’économie capitaliste néolibérale se soit fragilisée ces dernières années par une conjoncture dont les fondations dissimulent l’état de santé navrant de l’environnement écologique dont elle dépend pourtant, n’en demeure pas moins que de plus en plus, de beaux succès coopératifs ou alternatifs novateurs fleurissent aux quatre coins de la planète et ce, dans le respect des principes du développement durable. En entendons-nous parler ? Si, au Québec, la polarisation et la commission Charbonneau sont au menu politique et que dans nombre d’autres pays, l’offre n’est guère mieux ; toujours est-il qu’il y a de nouvelles tendances et de nouvelles idées dont les semences commencent à germer sur toutes les terres de ce monde. Par exemple, qui a entendu parler de la révolution populaire en Islande qui s’est soldée par la « fin » de grand nombre d’injustices qui affligent pourtant la plupart de la planète et surtout l’Occident ?


Et après tout, même dans les mauvaises nouvelles il y a toujours du bon, de la même façon qu’il y a toujours de belles histoires, même à travers les pires histoires d’horreur. Une même information peut être traitée à travers le spectre de tant d’angles différents !


Beaucoup de gens m’écrivent ponctuellement pour me faire part de nouvelles et de découvertes dont les impacts sont positifs et plutôt importants, un peu partout dans le monde et dont les médias ne soufflent mot. Moi-même, en faisant de la veille, sur la Toile et les médias sociaux, je deviens toutes les semaines le témoin d’informations ravigotantes et rafraichissantes qui ne passent pas le filtre de nos médias institutionnels.


Je comprends que pour toutes sortes de raisons, les médias traditionnels et leurs dérivés ne peuvent pas ou ne veulent pas faire de la bonne nouvelle leur credo. Mais que serait-ce que de ne consacrer qu’une seule émission par jour, dans toute la plage horaire d’un réseau télévisé ou d’un poste de radio, qu’un seul cahier dans l’édition du samedi d’un grand quotidien, qu’une seule section sur un site web très fréquenté, à de l’information positive ?


Peut-être que les amateurs de positivisme sont moins nombreux que les amateurs de négativisme, mais je suis convaincu que nous sommes assez nombreux pour que l’exercice en vaille la peine. Si les évènements négatifs engendrent habituellement un cercle vicieux qui leur fait prendre de l’ampleur, c’est également le cas pour le cercle vertueux que créent les évènements positifs… Dans tous les cas, de telles initiatives par les médias ne sauraient qu’avoir des répercussions positives dans l’ensemble de la société et se placer sous les auspices bienveillants de l’espoir, espoir dont nous avons tant besoin.

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