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Samuel Samson

Ces faux musulmans de l'État islamique

Des semences de la haine, ne peut que germer la discorde et des germes de la discorde, ne peuvent fleurir que les conflits, pour ultimement fructifier en une haine augmentée.

Les attentats comme ceux perpétrés à Ottawa l’automne dernier ou en France en ce début d’année 2015 nous confrontent, en tant qu’Occidentaux autrement engoncés dans un rutilant sentiment de sécurité, couronné par cette impression héroïque de participer à la consolidation d’une paix par une action présumée salvatrice, à la montée d’un certain intégrisme religieux, plus récemment exacerbé par l’ascension fulgurante et assassine de l’autoproclamé « État islamique » assorti de son tout aussi bancal, mais non moins vénéneux calife. D’emblée, l’on ne peut que décrier la nature de ces attentats et se joindre aux deuils de la France et des familles éplorées.


Pour un croyant, sans égard à son affiliation religieuse ou idéologique, la liberté d’expression doit revêtir une dimension sacrée, à l’instar des autres libertés fondamentales traduisant le libre-arbitre d’une âme, fraction divine à l’image de Dieu chez les tenants de la tradition abrahamique, part de Dieu chez les traditions orientales et faisant figure d’apanage naturel, inaliénable et congénial de toutes âmes incorporant toutes consciences et duquel il ressort que tous naissent égaux en dignité et en droit, libres de leurs choix et de leur destin à travers l’attribut justement divin de leur âme. Or, pour être tangible, le libre-arbitre doit s’asseoir sur l’exercice indissociable du discernement réverbérant l’évolution de l’être humain.

Personnellement et bien que je mentirais en me faisant passer pour un lecteur assidu du Charlie Hebdo, j’ai parfois trouvé que ce magazine avait marqué quelques bons coups avec humour, mais j’ai souvent ressenti un malaise devant beaucoup de ces caricatures irrévérencieuses dépeignant autant de figures religieuses juives, chrétiennes ou musulmanes avec un arrière-goût fielleux, potentiellement offensant pour les milliards d’adeptes de ces religions. Par ailleurs, je garde en mémoire cette une de 2010 représentant un Haïtien embourbé tête la première dans un amoncellement d’immondices, les jambes tenaillées entre deux éboueurs personnifiant respectivement les Etats-Unis et la France. Si, sur le fond, les idées véhiculées par Charlie Hebdo peuvent par moment relever quelques relents d’évidences incontestables, il n’en demeure pas moins que sa façon de l’exprimer, même avec humour et même en tenant compte des caractères inexpugnable et inaliénable de la liberté d’expression, demeure blessante, portant les germes du dissentiment et de toutes ses dérives dont l’expérience humaine s’est révélée particulièrement faste. Enfin, à cet égard, les seuls vrais juges demeureront toujours les artisans du Charlie Hebdo ou de tout autre médium pour ses idées, en leur âme et conscience, devant présider à l’exercice de leur discernement.


Dans tous les cas, rien n’excusera ou ne justifiera jamais le recours à quelques formes de violence, à l’endroit de soi-même ou de son prochain. Plus particulièrement, la foi, en quelque idéal que ce soit et à plus forte raison en un Dieu d’Amour et de Miséricorde, oblige ses loyaux à transcender l’ascendant humain dans tout ce qu’il a de plus universellement perfide, dont la violence instinctivement réprouvée par l’être humain en son âme et conscience, pouvant obstruer l’avènement de cet idéal.


Plus généralement, la meilleure façon de prévenir la barbarie et de se prémunir contre des attentats de la même engeance que la menace terroriste planant sur l’Europe et l’Amérique du Nord ces dernières années, c’est de comprendre la racine du problème jusque dans ses ramifications les plus lointaines. Or, au premier chef s’y dissimule peu subtilement ce fameux État islamique autoproclamé et étendant chaque jour davantage l’empire de ses tentacules meurtrières – aux sens propre comme figuré – dénaturant chaque jour davantage l’essence de l’Islam ; un maléfice pernicieux dont les premières victimes sont, au premier degré les populations locales et au second, les musulmans du monde entier, fidèles à l’esprit des enseignements de Mahomet. Nonobstant cette alarmante réalité, les exactions posées au nom de Daesh tendent tristement à s’assimiler, aux yeux d’une proportion notable de l’opinion publique occidentale, à l’Islam où à être imputés au dos bien large des religions en général.

La genèse de l’État islamique prend racine, d’une certaine façon, en la conversion de l’empereur Constantin, à Rome, en 312 ou en 337, alors que s’officialise progressivement le christianisme au sein de l’Empire romain, rendant du coup l’Église vulnérable à la férule de l’Empereur. Plus de deux siècles plus tard, en 553, l’empereur Justinien convoquerait le deuxième concile de Constantinople, au détriment de l’opposition papale. Ce concile œcuménique se révèlera plus tard névralgique, au chapitre de ses conséquences, puisqu’il condamnera, entre autres, les thèses de la métempsycose (antérieurement admises en toute compatibilité avec le dogme de la résurrection, peut-on penser) et des nestoriens, courant chrétien issu des idées jugées hérétiques du patriarche de Constantinople Nestorius, gagnant alors en notoriété en prenant des propensions notables. Or, plusieurs sources tendent à étayer la thèse selon laquelle les nestoriens auraient prédit la naissance à venir d’un prophète pour évangéliser l’Arabie, thèse que soutiendraient d’ailleurs les écrits apocryphes d’une bible âgée de 1 500 ans retrouvée en Turquie ces dernières années. Ce faisant, la pensée nestorienne exercera une influence considérable sur l’évolution de la pensée de Mahomet, né 17 ans plus tard.


Alors que le christianisme se sera répandu rapidement depuis Jérusalem jusqu’au pourtour méditerranéen et aux pieds de l’Himalaya ; pour sa part, Mahomet interviendrait dans des contextes historique et géographique précis, pour la conversion des peuples pastoraux et analphabètes de l’Arabie polythéiste du VIIe siècle à laquelle son action se limita, à peu de choses près, sa vie durant ; et d’où ses successeurs lancèrent l’épopée des conquêtes musulmanes. Le Coran serait pour sa part transcrit bien des années après la mort de Mahomet, alors que perdurait une tradition orale.


Dans cette même veine, sans vouloir attenter à l'intégrité de la sainteté affirmée du Coran, il demeure permis de se questionner, en toute rationalité - l'expérience humaine étant ce qu'elle est - à savoir si certaines ambitions politiques n'auraient pas eu intérêt à mousser l'instrument de leur rhétoriq


ue en assaisonnant à leurs sauces certains versets, au cours du premier siècle de tradition orale coranique, voire d'écarter arbitrairement certains hadiths apocryphes, à l'instar de ce que firent Rome et Constantinople sous le joug impérial, en dépit de sources écrites qui peuvent aujourd'hui témoigner de cette histoire oubliée autrefois mis au banc de la tradition orale dans le dernier cas.


Toujours est-il que la Révélation supposée de Dieu à Mahomet, cristallisée dans le Coran, serait bientôt porteuse des germes de l’essor d’une intelligentsia riche, en décrivant la science comme un instrument permettant sinon de comprendre Dieu, insaisissable, au moins de L’appréhender en comprenant la qualité de Sa Création. La diffusion de l’Islam aux carrefours intellectuels de l’époque qu’étaient l’Égypte, la Perse, l’Inde et la Turquie en ferait la lumière permettant au monde arabo-musulman de dominer pendant plus d’un millénaire les domaines scientifique, mathématique, philosophique et culturel, face à une Europe, notamment, aveuglée derrière les voiles de l’obscurantisme médiéval.


Il y a plus d’un siècle, toutefois, la colonisation de pays musulmans par des puissances européennes aura forcé à remettre en question le dogme de la supériorité musulmane, portant coup après coup sur une civilisation humiliée de se voir ainsi inféodée à l’oppression de nations hier encore arriérées. Un certain paroxysme aura été atteint lorsqu’un coup ultime fut porté, aux lendemains de la Première guerre mondiale, alors que l’Empire Ottoman, fleuron du monde arabo-musulman, fut défait par les forces de la Triple-Entente, puis démembré par le Traité de Sèvres. En 1923, la monarchie prenait fin en Turquie, puis en 1924, le califat – institution très différente quoique comparable à la papauté pour l’Islam - était aboli. Entre temps, la France et l’Angleterre, violant les promesses contractées avec les peuples arabes au cours de la Grande guerre, grignotaient les reliquats de l’Empire Ottoman en établissant un chapelet de protectorats et de « mandats » de la Société des Nations sur les anciens territoires du Califat.


Dès lors, émergea, au sein du monde arabo-musulman, un courant de pensée nourri par certains rhétoriciens courtisant le pouvoir, déchiffrant les causes de la domination du monde musulman – et selon eux, de sa déchéance - par une distance prises par rapport aux enseignements intégraux, donc littéraux, du Prophète. Ils en appelèrent donc à un retour aux sources de l’Islam et aux coutumes de l’époque, ce qui permettrait, en créditant leurs discours, de renverser la vapeur en tirant des leçons de l’histoire et en restaurant l’âge d’or de cette époque bénie. Rapidement, beaucoup en appelèrent à la reconstruction, souhait légitime jusque dans une certaine mesure, du califat historique. Ainsi naquit le mouvement intégriste islamique contemporain. L’argent étant le nerf de la guerre, ce courant idéologique se verrait matérialiser dès ses débuts grâce à un financement pourvu par l’or noir, pour finalement dégénérer en ce monstre qu’est aujourd’hui l’État islamique, plus éloigné que jamais des enseignements du Prophète, professant une doctrine contraire au Coran, mais aussi préjudiciable aux fidèles de l’Islam et ayant profité de l’anarchie engendrée par la guerre civile syrienne et la faiblesse chronique de l’Irak pour mener à bien ses ambitions. Néanmoins, l’étymologie du mot « islam » – et son proche parent « musulman » - réfèrent à la soumission envers Dieu, donc éventuellement en son verbe exprimé par le Coran, pour ceux qui le conçoivent tel quel. En s’écartant du Coran, l’État islamique, impie, n’a donc d’islamique que de nom et ses partisans sont donc de faux musulmans, au sens littéral du terme.

Enfin, l’opposition historique entre les religions aura toujours été plutôt d’ordre culturel que théologique ou spirituel, alors que leurs essences se conjuguent dans presque toutes leurs inflexions. Si l’intégrisme demeure bien présent au sein de tous les courants spirituels, religieux et sectaires – l’islam pas plus qu’un autre – celui-ci n’en demeure pas moins qu’une déclinaison parmi d’autres, d’un fanatisme témoignant d’un déséquilibre spirituel – la dimension spirituelle participant à la santé holistique de l’être humain comme il s’en dégage d’à peu près toutes les études portant sur le sujet - affectant tous les mouvements idéologiques et visant à pallier, bien inextinguiblement, la soif de sens qui en découle. Il n’en demeure pas moins que les avancées d’un certain extrémisme religieux auront permis de mettre en exergue nos propres déficiences sociétales, car bien qu’il n’y ait pas forcément de lien causal, force est de reconnaître que les terroristes de Charlie Hebdo, Montrouge et Vincennes étaient bien Français, tout comme ceux d’Ottawa et de Saint-Jean-sur-Richelieu étaient Canadiens, ayant été socialisés dans ces pays. Ainsi, dans une optique du vivre-ensemble, partout en Occident, les uns pourraient avoir intérêt à remettre en question des modèles identitaires et d’intégration hermétiques, sourds au dialogue et imperméables à la différence ; et les autres, au vide existentiel que proposent leurs modèles sociaux souventes fois impersonnels, individualistes et aseptisés, en réponse à l’insatiable faim de sens et de profondeur, notamment spirituelle, de l’être humain.


Finalement, s’il y a des guerres, elles ne sont pas le fait des religions, mais bien de l’illusion matérialiste voilant le cœur des hommes et alimentant son ascendant fratricide le motivant à la domination de son prochain, sous des couverts identitaires ou économiques, au détriment de cet autre instinct d’évoluer dans l’Amour. Nous sommes à la fois notre meilleur ami et notre pire ennemi. Car telle est la valeur insigne, la véritable signification de ce combat manichéen partagé par toutes les conceptions du monde : stagner ou évoluer à travers le règne de la conscience. Et c'est cette vision d'une fraternité renouvelée, pétrie par cette quête de bonheur auquel nous aspirons tous et s'ancrant dans une révolution des conscience que vous propose dans L'Évolution.

« J’ai toujours su qu’au plus profond du cœur de l’homme résidaient la miséricorde et la générosité. Personne ne naît haïssant une autre personne à cause de la couleur de sa peau, ou de son passé, ou de sa religion. Les gens doivent apprendre à haïr, et s’ils peuvent apprendre à haïr, on peut leur enseigner aussi à aimer, car l’amour naît plus naturellement dans le cœur de l’homme que son contraire. »

- Nelson Mandela

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